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Africains sous tutelle

 27.07.2021

 « Africains sous tutelle »


Pas question de laisser les Africains décider eux-mêmes de leur avenir. Les paroles du général Lecointre, malgré la débâcle des troupes françaises et de leurs alliés au Sahel, ont été très significatives. La France et ses alliés vont continuer à accompagner les Africains. Une expression qui ne signifie rien d’autre que les Africains resteront sous tutelle de leurs ex-colonisateurs. On ne veut plus courir le risque de voir des « Lumumbas » au pouvoir.

En 1950 on parlait d’un plan de transition de 30 ans, l’ancêtre du plan d’accompagnement d’aujourd’hui, pour préparer les Congolais à leur indépendance. Le nombre d’écoles privées missionnaires fut doublé à cet effet. Le Congo, en attendant, continuait à permettre aux Belges de vivre au-dessus de leurs moyens et les ressources tirées de l’exploitation coloniale servaient de caisse régulatrice pour permettre à une classe de nantis et parvenus de vivre dans le faste avec la bénédiction de l’Eglise catholique.

Nul ne prenait au sérieux le Mouvement National Congolais, avec à sa tête, entre autres, Patrice Émery Lumumba. La Belgique, en imitant la France, s’obstinait à favoriser une élite locale « pro-belge, pro-occidentale et anti-communiste ».

L’arrivée au pouvoir de Lumumba lors des élections de 1960 et la défaite des « protégés de la Belgique » déclencha la panique parmi les pays colonisateurs de l’Afrique. Et lorsque Lumumba parla d’instaurer un Kinshasa laïque et préconisait une juste redistribution des richesses dont le pays fut spolié jusqu’alors, il s’attirait la colère de l’Eglise catholique et devint pour le capital occidental « l’homme à abattre ».

Ce qui arriva le 16 janvier 1961, il y a donc 60 ans. Un assassinat bien orchestré qui coûtait aussi la vie à deux de ses fidèles compagnons de lutte, Maurice Mpolo et Joseph Okito.

A la droite conservatrice, aux holdings belges et aux missionnaires hyper actifs de trouver un successeur à Lumumba. On le trouva en la personne de Mobutu, fidèle serviteur des Occidentaux, grâce auxquels il fut maintenu au pouvoir de 1965 à 1997. Il ne fallait pas toucher au dictateur, les paras belges veillaient au grain et afin que les choses fussent claires, le roi Baudouin signa un traité d’amitié avec le dictateur en 1970. Un traité qui garantissait à Mobutu une coopération militaire.

Encore de nos jours, le « modèle Mobutu » existe en Afrique et « l’accompagnement des Africains » n’est en réalité rien d’autre qu’un retour au système de coopération forcée typique pour le postcolonialisme.

Ce ne sont toujours pas les Africains qui décident de leur sort, ils restent sous tutelle !

Edouard Kutten