Nos actualités

Double jeu de l'Eglise catholique

                                                             02.05.2024

Double jeu de l’Eglise catholique


2024 ne fait que confirmer le fait que plus le pouvoir de l’Eglise catholique est grand, plus il est difficile de démocratiser la société à travers les libertés personnelles. L’Eglise a acquis ce pouvoir grâce à un double jeu qu’elle pratique à merveille.

La Pologne en livre la preuve. En tête des priorités cléricales et de leurs sbires politiques, figure la remise en cause de l’IVG. En 1956, le régime communiste avait, en effet, légalisé l’avortement pour 4 motifs, à savoir, s’il y avait eu viol, malformation du fœtus, danger pour la vie de la femme et conditions de vie difficiles pour la femme enceinte. Cette dernière clause a servi d’argument aux forces cléricales, après la chute du régime communiste, pour s’en prendre à la loi sur l’IVG. Entre 1989 et 1993 plusieurs projets de loi draconiens furent proposés à la Diète, la chambre basse de Pologne. L’un de ces projets fut préparé par les experts de l’épiscopat. Beaucoup de politiciens, s’engageaient dans cette campagne anti-avortement soutenue par le pape, « au nom de la foi et de la démocratie ». Par-là l’Eglise voulait réaliser ses objectifs politiques. C’était donnant-donnant. Le Vatican avait financé Solidarnosc, à Walesa & Co de jouer le jeu de l’Eglise, ce que fit Walesa en refusant en 1994 à promulguer une loi sur l’avortement dont l’Eglise ne voulait pas.

En 2001, le gouvernement centre-gauche qui avait fait campagne pour le droit à l’IVG, baissa les bras face à la menace des évêques de mobiliser la population, afin qu’elle vote contre l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne. Un chantage dont l’Eglise catholique sortit vainqueur.

Et depuis les politiciens réfléchissent à deux fois avant de toucher au problème de l’IVG. En 2020, 72 % des électeurs de la Droite se sont même exprimés pour un durcissement du « compromis » actuel. Le travail sous cape de l’Eglise catholique porte ses fruits dans une « Europe aux valeurs chrétiennes ».  Un terrain plus fertile à la répression des droits des femmes ne saurait être trouvé.

Il ne faut donc pas s’étonner d’entendre Trust, Premier ministre polonais, déclamer à propos de la guerre en Ukraine : « C’est ici en Ukraine que passe le front entre le bien et le mal » (cf. Libre Belgique, 23.01.2024).

Les politiciens aux ordres des moralisateurs de l’Eglise catholique ?

Matière à réflexion !

Edouard Kutten