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"Initiative historique"

30.03.2022

 « Initiative historique »


La guerre en Ukraine a permis à quelques pays de l’Union européenne de profiter de l’occasion de se défaire d’une partie de leur armement désuet et de le moderniser. Un réarmement subventionné par l’Union européenne. Une occasion à ne pas rater !

La Belgique s’engageait à livrer 2.000 mitrailleuses, 3.800 tonnes de carburant et 3.000 fusils automatiques (cf. Les Echos 02.03.2022). Les Pays-Bas évoquaient l’envoi de fusils de précision et plus tard des missiles sol-air portables. Même la Suède, en tant que non-membre de l’OTAN, parlait de l’envoi d’armes antichars et la Finlande, se prévalant toujours d’une certaine neutralité vis-à-vis de l’OTAN, prit en date du lundi, 28.02.2022 la décision historique d’envoyer des armes à l’Ukraine.

Cette « brocante d’armes » sera bien onéreuse. 5 milliards d’euros sont prévus par un instrument financier spécial hors budget pour la période de 2021-2027. Cet « instrument » permettra de rembourser les Etats membres qui ont prélevé l’armement de leur stock. On ne fait rien pour rien, la solidarité se paye.

Les Etats-Unis d’Amérique ont devancé les pays de l’Union européenne, étant donné qu’ils avaient déjà commencé à livrer des armes à l’Ukraine en 2018, comme s’ils avaient eu une prémonition. Ils s’étaient déjà préparés depuis des années à cette guerre militaro-économique.

Cet engagement à la bonne franquette de la part de quelques pays de l’Union européenne nécessite une coordination dont personne ne veut prendre la responsabilité. Car il y a un piège qui est tendu, c’est celui d’éviter que les armes tombent dans de « mauvaises mains » et finissent par alimenter la contrebande d’armes. On n’a qu’à se souvenir de la guerre dans les Balkans dont les armes circulent encore aujourd’hui sur le marché noir.

Et l’Europe se félicite de son initiative « historique » de colporter des armes plutôt que de promouvoir la paix.

Quant au droit international, il est devenu matière d’interprétation. Ce droit défend de livrer des armes offensives à un belligérant sous peine d’être considéré comme un pays se joignant à la guerre. Un fusil de précision peut être offensif ou défensif, il en est de même des missiles antichars. Le pays d’où décolle un avion armé pour rejoindre un pays en guerre pourrait être considéré comme un pays se joignant à la guerre.

Bref, il suffit d’être du « bon côté » et rien ne se fera !

Edouard Kutten