15.02.2021

  « L’homme providentiel »

Il s’agit de Mario Draghi, le nouveau président du Conseil italien. Ce banquier de 73 ans a formé une union nationale, incluant même l’extrême droite qui a eu droit à 3 postes de ministre.

Ceci est typique pour les unions nationales d’après-guerre. De Gaulle a formé un gouvernement acceptant d’anciens collaborateurs, des hauts dignitaires vichystes gardaient leur poste. L’Allemagne de l’Ouest en fit de même et ce ne fut pas un hasard qu’Adenauer, membre de la NSDAP, fut acclamé comme chancelier. Il ne fallait surtout pas être trop ancien résistant, voire communiste.

Les industriels italiens n’ont aucun problème à avoir un ministre de l’économie de la Lega Nord, leurs ancêtres étaient les meilleurs « alliés » de Mussolini, sous l’œil bienveillant de l’Eglise catholique. Leurs collègues allemands étaient intégrés dans le système nazi et leurs cousins français tiraient leur épingle du jeu pendant l’occupation.

Quant à Draghi, formé chez les jésuites, il n’est pas à une contradiction près. Emprunter encore plus est sa devise du moment, aussi longtemps qu’il arrive à faire plonger le coût de la dette italienne. Ceci contraste avec le Draghi des années 1990 qui travaillait sur un programme de privatisation grande échelle pour réduire le déficit de l’Etat. En 2011-2012 il soutenait sans broncher toutes les mesures d’austérité, même les plus antisociales.

Pour l’instant et à court terme, l’homme providentiel, selon les médias bourgeois, peut imposer son autorité de « l’homme des finances » au grand capital. Mais à la longue, avec l’approche des élections de 2013, la donne politique va changer.

D’ici là, Draghi aura trouvé un autre « parachute doré » !

Edouard Kutten