18.08.2023
Puritanisme et démocratie occidentale
Pour quelques médias en mal d’information à la période des vacances d’été, il est usuel de s’en prendre à l’islam et à ses traditions vestimentaires. Le port du bikini, voire du monokini est resté un signe d’émancipation féminine. L’on semble oublier que l’émancipation de la femme n’a jamais été le panache des moralisateurs catholiques.
Prenons les exclamations de quelques idoles du monde sportif occidental pour y voir un peu plus clair en ces « temps olympiques ». En 1929 (cf. Vichy et le foot – Equipe, 27.07.2023) le baron de Coubertin disait au sujet des femmes qui voulaient jouer au football : « S’il y a des femmes qui veulent jouer au football, libres à elles. Pourvu que cela se passe sans spectateurs, car les spectateurs qui se groupent autour de telles compétitions n’y viennent point pour voir du sport ».
Ces apôtres très catholiques voyaient le mal partout. De Coubertin ne faisait que répéter ce que H. Desgranges, fondateur de « l’Auto », la revue dont est issu le journal « l’Equipe » plus tard, dit en 1925 : « … que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public, oui d’accord. Mais qu’elles se donnent en spectacle, à certains jours de fête, où sera convié le public, qu’elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n’est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable ».
Quoi de plus normal donc que le régime de Vichy se serve de ces propos pour interdire de nombreuses disciplines, dont le football féminin. L’on se servait de pseudo-arguments scientifiques en prétendant que le saut en hauteur le football menaceraient les femmes de stérilité. En 1940, l’heure était à la procréation et au repeuplement. Les valeurs catholiques et l’exemplarité de la Fédération catholique d’éducation physique primaient. Les membres du gouvernement de Vichy, rejoignant après la guerre les troupes politiques de De Gaulle, comme Mitterrand, jouaient le jeu.
De nos jours une plateforme cléricale est toujours active dans les milieux sportifs. Les fédérations sont mises sous pression pour permettre les ostentations religieuses. Il n’y a plus de neutralité philosophique dans la pratique du sport à haut niveau, argent et goupillon agissent en parfaite cohésion. Officiellement sous la devise « que le sport rassemble autour des valeurs chrétiennes ».
La populace en raffole. N’empêche que les femmes restent dans la société catho-capitaliste discriminées. Quelques arrivistes féminines millionnaires n’y changent rien.
Ainsi la Cour Suprême aux Etats-Unis d’Amérique a-t-elle restreint le droit à l’avortement existant. Pourtant les Etats-Unis d’Amérique restent aux yeux du « monde libre » le symbole de la démocratie.
Comme quoi il est prouvé que le « puritanisme » macho n’est pas une exclusivité islamiste !
Edouard Kutten