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Sahel, l'Afghanistan "franco-européen"...?

 12.06.2021

Sahel, l’Afghanistan « franco-européen“…?


Depuis longtemps la présence militaire au Sahel n’est plus une « affaire française », comme le veut la version politicienne officielle. Ceci n’est pas sans rappeler l’Afghanistan dont au début l’on avait fait une « affaire américaine ». La vérité finit par éclater lorsque cela va mal. Lorsque les Américains ont décidé de quitter l’Afghanistan, ses alliés otaniens se sont sentis trahis.

Au Sahel, la France ne veut plus devoir assumer seule la facture militaire de cette présence. Elle coûte à la France 1 milliard d’euros par an. Le soutien des partenaires européens par contre se limite à des gestes plus symboliques. L’armée grand-ducale est aussi de la partie, elle a envoyé un contingent de spécialistes dans le maniement des drones.

Sur le continent africain il devient de plus en plus difficile pour trouver des alliés fiables. Ils ne restent que quelques « vestiges » du postcolonialisme, comme I. Deby, président du Tchad et meilleur ami de la France depuis 30 ans. L’un des seuls, avec son fils, qui lui a succédé, à rester fidèle à l’intervention française au Sahel. Ce n’étaient pas les urnes qui gardaient le clan Deby au pouvoir, mais les armes livrées par la France. Macron a en personne assisté aux obsèques d’Idriss Deby le 23 avril pour donner le signe que rien ne va changer et que la France ne peut pas lâcher sa « cheville militaire » au Sahel.

Les classes collaboratrices avec la France dans les autres régions du Sahel se posent la question sur leur futur engagement, vu que l’intervention militaire étrangère commence à s’enliser. Il y va de l’avenir d’une certaine classe politique. En Afghanistan la situation était identique et la classe collaboratrice politique a fini par jouer sur deux fronts et à lâcher prise. Le passé de ces collaborateurs n’est pas blanc comme neige, car ils ont profité de la situation vu que le postcolonialisme avait besoin d’eux et ils se sont remplis les poches, ou plutôt leurs comptes sur les banques françaises et autres. En Afghanistan, le président A. Ghani en a donné un exemple en octroyant en 2020 un contrat minier illégal à une entreprise possédée par son frère (cf. Figaro, 15.05.2021).

La seule lueur d’espoir pour les hommes d’affaires agissant au Sahel vient du général Lecointre, chef d’état-major des armées françaises, qui déclara (cf. Figaro 22.05.2021) que la France et l’Europe seront toujours engagées au Sahel dans 10 ans. Une bonne nouvelle pour les « armuriers ».

Lorsqu’en Afghanistan les forces américaines « s’enlisaient » de plus en plus, l’opinion publique américaine commença à changer d’avis, comme lors de la guerre du Vietnam, ce n’était plus le « US-Glory Hallelujah ». En France il en est de même pour la force armée Barkhane déployée au Mali. En 2013, 73 % des Français étaient favorables à l’opération Barkhane que les médias avaient « vendue » comme la solution du problème djihadiste dans la région. En 2021, ils ne sont plus que 49 % à soutenir l’intervention Barkhane. Sans oublier qu’au Sahel la présence des forces françaises et alliées est considérée par la population indigène comme une armée d’occupation.

Mais selon le général Lecointre la réorganisation du monde selon le mode occidental (USA-Union européenne) n’ira pas sans conflits. N’empêche que la guerre reste un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter la volonté du plus fort !

Edouard Kutten